Le sang des tyrans by Naomi Novik - Téméraire - 8

Auteur:Naomi Novik - Téméraire - 8 [Naomi Novik - Téméraire - 8]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

— Et ce sera un vrai miracle, à ce rythme, commenta Iskierka avec une satisfaction mauvaise, si ces assassins ne parviennent pas à leurs fins, alors que tu es constamment occupé à folâtrer avec ton Impériale, sans plus faire attention à rien.

Téméraire l’aurait volontiers rabrouée, mais il n’était pas en position de le faire ; la culpabilité le rongeait. Il aurait dû être là ; aucun assassin n’aurait jamais dû pouvoir s’approcher aussi près de Laurence.

— Sauf que, se défendit-il d’un air morose, Laurence aurait dû être endormi – ou au moins, en sécurité dans l’enceinte du camp ; je ne comprends pas comment il s’est retrouvé aussi exposé.

Il gratta le sol avec ses griffes ; pourquoi s’était-il assoupi sans s’être assuré que Laurence était bien couché ? Il le croyait en train de dîner avec les autres capitaines ; Laurence lui avait dit de se reposer et de se détendre – on ne pouvait pas imaginer un instant qu’il se détendrait, sachant que Laurence se mettait en danger.

Iskierka ricana.

— Il est facile de protester qu’il aurait dû être endormi : il ne l’était pas, il a failli se faire larder de coups d’épée, dit-elle. Je ne vois pas de quel droit tu le blâmerais, alors que tu n’as pas pris la peine de veiller sur lui. Tu peux être sûr, Granby, ajouta-t-elle, que si jamais tu devenais prince, je ne commencerais pas à te négliger pour autant ; note que je ne regrette plus que tu ne le sois pas, vu que si c’était le cas, toutes sortes de gens tenteraient de t’assassiner.

— Allons, ma chère, cesse d’agacer Téméraire, s’il te plaît, dit Granby, revenant des tentes. Téméraire, il n’y a pas de mal : Laurence n’a pas une égratignure.

— Mais si, il en a une, rétorqua Téméraire, à l’épaule ; et son habit est fichu. Que faisait-il si loin du pavillon ?

— Tu ne peux pas appeler cette piqûre d’épingle une égratignure, dit Granby. Et je suis sûr que nous lui dégotterons un nouvel habit, très vite. Il voulait juste dire quelque chose à Roland, voilà tout.

Mais Laurence n’était pas sorti pour parler avec Emily.

Plus tard, alors qu’ils levaient le camp, Téméraire demanda à la jeune fille ce que Laurence avait eu de si urgent à lui dire.

— Je n’étais même pas là, répondit-elle. Je ne suis arrivée que plus tard ; je suppose qu’il voulait parler à Alice. Enfin, à Mme Pemberton.

— Quoi ? intervint Churki, les plumes de son cou hérissées, dressant brusquement la tête des sacs qu’elle était en train de renifler. Que traficote-t-il avec Mme Pemberton ?

— Seigneur, je n’en sais rien, dit Roland. Il aime discuter avec elle, sans doute parce que c’est une femme de bonne éducation ; tu sais comme il est collet monté.

Malgré sa contrariété, Churki laissa retomber ses plumes.

— Ma foi, grommela-t-elle à l’adresse de Téméraire, je n’ai rien à dire, et je suppose que Laurence est le plus âgé ; mais j’avais pensé à elle pour Hammond. Enfin, je ne voudrais pas interférer, dit-elle d’un ton magnanime.

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